dimanche 20 avril 2014

VIVRE CRU Jour 7,8 et 9 Pâques

Je suis un peu à l'ouest ce matin, ça cogite très fort sous la casquette. La cause? D'abord que depuis 6 mois c'est prise de conscience et compagnie (et non pas prise de tête). Et que depuis quelques jours, il y a des vieux réflexes qui remontent, qui s'invitent alors que je les a pas sonné, des réminiscences de ce que je voudrais oublier de mon ancienne "éducation" et c'est agaçant. Mais ce sont des tests, des façons de faire le ménage pour continuer à évoluer soi-même. Pour les autres, pour le groupe.
Un vieux réflexe de société qui remonte que j'adoptais pour faire la maligne, pour me protéger c'est le cynisme. Cette attitude qui consiste à prendre du recul mais avec scepticisme, qui a tendance à glisser très vite vers la moquerie et qui ne prend personne au sérieux. On ne se met jamais en danger en étant cynique, on juge, on critique, on pose des étiquettes, on aime les idées reçues et toutes faites derrière lesquelles se réfugier en cas d'ignorance. On ne touche jamais la réalité, on ne la vit pas, on ne mouille pas le maillot, on ne se bat pour aucune cause, on ne s'engage pas. Soyez cynique, vous resterez propre, vierge de toute expérience, tranquille d'esprit en apparence.
Et ce vieux réflexe m'est revenu vendredi. Est-ce pour cela que je n'ai pas réussi à me sentir concernée lors de cette soirée zumba où m'avait emmené une amie? J'en suis revenue déçue, incapable de me fondre dans l'ambiance, rebutée par cette musique trop forte, cette fille qui hurlait dans le micro et se démenait sur scène. Je n'aime plus la zumba, est-ce la réalité? Ou le réflexe cynique derrière lequel m'abriter pour excuser mon manque d'engagement et d'amusement? Je verrai ça dans quelques temps. Mais je pencherai pour la réalité des faits.
Ce qui me questionne c'est que cet état d'esprit m'est resté le samedi soir. Je savais que j'étais dans cet état d'esprit car je ne cessais de penser des choses contraires à ce que j'avais sous les yeux, de voir des images grinçantes plutôt que me fondre dans l'ambiance de groupe.
Mais cela me vient à l'instant à l'esprit: ce vieux réflexe cynique était là pour m'empêcher de me laisser-aller, pour m'empêcher d'évoluer, pour me garder dans mes habitudes sombres et encroûtées. La peur du lâcher-prise, la peur de l'inconnu.
Samedi soir, une amie m'a emmené faire une hutte de sudation. Ca a été une expérience incroyable. Mes restes de cynisme m'ont ennuyée surtout avant la hutte. Mais pendant et après, je les avais oublié. Et puis au lieu de m'agacer de ces restes, de leur réflexe de survivance, je ferai mieux de les accueillir avec bienveillance finalement car ils m'ont permis de comprendre ce qui m'avait freinée pendant tant d'années. Merci le Grand Tout!
C'est pour cela que j'aime partager et écrire dans ce blog qui est devenu presque un journal. 10 jours à relater ce qui se passe dans ma petite vie à propos du vivre cru, c'est devenu une aventure humaine et si cela vous ennuie, et bien ne me lisez pas! Et si cela vous intéresse, alors faites aussi vos propres expériences pour vous découvrir, pour oublier vos peurs, pour aller chercher votre liberté.
Quelques mots sur la hutte: C'est un endroit à l'origine où les Indiens d'Amérique du Nord entraient pour se purifier. Les peuples du Nord de l'Europe ont le sauna, eux c'est la hutte. Sans entrer dans les détails techniques que je connais mal car néophyte, il y a un feu à l'extérieur où des pierres volcaniques magnifiques sont mises à chauffer. Il y a un gardien du feu, très important pour le bon déroulement de la cérémonie. Je dis volontiers cérémonie car il y a des étapes, des portes se succédant pour aboutir à la guérison, à la gratitude. Et puis il y a la hutte, en branchages qu'on recouvre de couvertures avec une porte. Le chaman dirige la cérémonie; lors de cette soirée, un homme bon et profond, attentif, humble, plein d'humour et humain, comme nous tous. Bien qu'il connaisse nombres d'entre nous, il a retenu les noms des nouveaux et sait, sent ce que chacun a à livrer, à dire, à ressentir. J'ai été saisie par sa présence, par le "travail" qu'il accomplit pour nous guider au long des différentes étapes, par son discours de foi en l'homme, en la nature, par les mots qui jaillissent de sa bouche pour exprimer les états où nous nous trouvons, où nous pouvons aller, pour nous encourager à aller voir, chercher, explorer, découvrir en nous les réponses.
Les pierres rougeoyantes sont amenées en plusieurs fois au centre de la hutte dans un foyer et le chaman jette dessus des herbes, des résines odorantes, de la propolis avec chaque fois des intentions bien précises pour les personnes présentes. Et puis il y a les chants des Indiens Lakota, j'en connaissais quelques uns de par mon amie et j'étais heureuse de pouvoir les chanter avec eux. Il y a les tambours sous la hutte qui résonnent, les chants, le noir complet et les images qui se présentent devant nos yeux, les "choses" qu'on ressent. On vibre, on partage à l'unisson au rythme des chants, des pierres, de la vapeur d'eau, des odeurs enivrantes. On compatit aux mots échangés sous la tente "O mitakouyé oyassin".
Mon cynisme est resté sur le pas de la porte de la hutte. Et je ne l'ai pas récupéré en sortant! Il est mort sous les pierres brûlantes!
Je n'ai pas été présente à 100% parce qu'il me manque de la pratique pour me laisser aller. Je pense que je n'étais pas présente à 100% et après réflexion, je crois sincèrement que je l'étais. Difficile de définir ce que j'ai ressenti: incroyable, fantastique, délirant? Non, je ne sais pas, ça restera dans mon ressenti. J'y étais bel et bien et ce qui est humainement magnifique à vivre, c'est d'être ENSEMBLE ! Seul, on n'est bon à rien! Ce n'est plus d'actualité, plus dans l'actualité de l'à venir de notre humanité. C'est l'énergie de ce groupe, de tous les groupes qui fait avancer les choses. J'en suis intimement convaincue! Et de toutes façons, c'est une force qui nous y emmène.
Après la tente où nous sommes restés 4 heures - c'est passé très vite - nous avons partagé encore quelques moments ensemble autour du feu puis autour d'un excellent repas préparé avec amour et bienveillance. A côté de moi, une jeune femme avec qui j'ai partagé mon repas: quand elle goûtait quelque chose, je le goûtais aussi, nous avons partagé le pain, rien de cru mais ce partage m'a semblé essentiel.
Voilà, journée initiatique où j'avais emmagasiné beaucoup d'énergie avec 3h de Taï Chi puis enchaîné avec la hutte.
Je suis assez épuisée aujourd'hui mais je ne fais rien. Rien d'autre qu'écrire. Et réfléchir à mon plan de vie.
Pour le cru, je suis assez confortée dans mon choix de vie car il est souple et il me va bien. Je n'ai pas encore fini d'éliminer mes toxines, pas encore fini de me purifier, pas encore fini d'explorer le cru et ses conséquences.
Tout cela est passionnant car j'apprends à oublier mes peurs, à oublier mes vieux schémas d'activité et ce que je découvre est merveilleux.
A demain pour l'épilogue de cette expérience, bon dimanche à toutes et tous!

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