mercredi 11 juin 2014

ET APRES?

Très bon documentaire hier soir sur Arte (comme toujours d'ailleurs!) sur les répercussions du sport de haut-niveau sur la santé. Des sportifs ont témoigné et ont, entre autre, accepté de dire que oui, ils étaient accro à l'adrénaline au moment du départ, à la fièvre de la victoire, à la légèreté de se sentir au dessus de tout et de tous après avoir gagné. Je confirme.

Mais contrairement à Laurent Brochard toujours perché sur un vélo en compétition à 45 ans, j'ai définitivement tourné la page des dossards et de la course contre la montre. Et j'avais envie de dire à ce brave garçon: "hé! y a une vie après la compèt! Et même une vie sans compèt!" Encore faut-il vouloir la voir.
Mais je compatis au cas de Laurent Brochard, évincé de sa carrière par les scandales du dopage, ce n'est pas lui qui a choisi d'arrêter et cela change tout! Je ne compatis pas à ses problèmes de dopage de l'époque mais il devrait prendre conscience qu'en ayant du mal à trouver une porte de sortie, en traînant encore ses guêtres dans le milieu du vélo, il se pose en victime, il cherche dans le regard et les propos des gens croisés sur ces lieux la reconnaissance qui lui manque. il a du travail à faire sur lui-même pour pouvoir avancer car pour le moment, même s'il est resté un bon rouleur, il n'avance pas d'un caramel et pédale dans la semoule, à la recherche de son évolution... (ça y est, je les ai toutes faites, les blagues!)
Sinon, j'ai partagé les sensations évoquées par ces retraités sportif, la réalité d'un sportif en activité au quotidien: fatigue, douleurs, tant mentales que physiques. Je me souviens que dans les périodes estivales et de préparations jusqu'avant d'aborder les compétitions en hiver, j'étais tout le temps fatiguée. Mal aux jambes, aux bras, aux abdos, fatigue généralisée. C'était un calvaire de faire du shopping, une heure ou deux debout et la sensation de faiblesse qui m'envahissait, le besoin de s'asseoir ou de dormir. Idem pour aller aider ma mère au jardin, impossible plus de 30min. Je me souviens bien des jours de forme car il n'y en avait pas souvent! Sans compter la fatigue mentale, les remises en question à propos du tir, de la justesse du travail effectué, les claques prises sur certains chronos d'entrainement et avancer encore malgré tout, avec la motivation, le leitmotiv (J.O, mondiaux) qui me poussait vers l'avant et me faisait endurer le travail et la fatigue.
Quand j'ai eu ma fille et que j'ai repris l'entrainement 3 mois après sa naissance, il y a eu de nombreux moments où je n'avais pas la force de m'occuper d'elle. Mais comme pour l'entrainement, on y va. Quand j'ai eu mon garçon après ma carrière, ça a changé ma façon de voir les choses, j'étais moins fatiguée et j'ai eu plus l'impression de faire ce qu'il fallait.
Je reconnais aussi que les objectifs m'ont poussée à repousser mes limites; on accepte (presque) n'importe quoi pour les atteindre. Ce qui fait la différence, ce sont les valeurs que l'on tient de son éducation et qui vont nous aider à garder la tête sur les épaules et à ne pas répondre aux sirènes discordantes du désir. L'entourage du sportif est aussi primordial pour lui assurer une vie équilibrée.
Car là est le problème: un sportif de haut-niveau (non dopé) est à la limite de ses limites et donc au bord de la rupture de l'homéostasie.
Aujourd'hui, je me pose des questions face à mes jeunes sportifs: que puis-je leur imposer en charge de travail? Jusqu'où puis-je aller? Par quels moyens vais-je les motiver? Quel est l'utilité de la compétition? Et après?
Et après leur modeste carrière de sportif, qu'arrive t-il? Ayant moi-même réussi ma reconversion, je peux me permettre de leur donner quelques conseils: si le sport de haut-niveau a une utilité, ce sera dans leur approche de la vie. Continuer à savoir se remettre en question, garder les rituels assurant une hygiène de vie saine et savoir compter sur le groupe, l'équipe.
Pour un retraité sportif de renom, l'essentiel est de trouver une occupation, un boulot, un loisir, une mission capable de l'occuper et de l'aider à continuer dans son évolution. Je m'étais lancée dans le diplôme de Kinésiologie, fière de réussir un diplôme non sportif et sans cela, j'aurais déprimé...
Pas facile la retraite, de n'importe qui d'ailleurs! Un ami m'avait dit que pendant quelques années, je ne pourrai pas m'empêcher de faire du sport "comme avant" et qu'un jour, je me prendrai à penser :"tiens, j'y vais tranquille maintenant, c'est chouette aussi!" Mais par fierté, je m'étais dit que ça ne m'arriverait pas. Et bien, si!
Et c'est chouette d'y aller tranquille, de lâcher prise à tel point que je souffre quand je dois aller courir avec mes jeunes qui eux, ne font pas semblant!
Profitons du moment présent !

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