En ce jour du 6 juin 2014, j'imagine que vous n'avez pas pu ne pas entendre à la télé, sur les radios, une allusion au 70ème anniversaire du débarquement.
Cette année, nous allons les accumuler: 6 juin +70, 11 novembre +100 et j'en oublie. Et c'est volontaire.
Car je dois avouer que cela me chiffonne, voire m'agace toutes ces commémorations.
Prenons cette journée en exemple: on va demander à des vétérans de revivre des moments de cauchemar, on va leur demander de raconter heure par heure ce qui s'est passé. Certains n'ont peut-être jamais évoqué ces moments et je les comprends. D'autres seront heureux de raconter justement pour que cela ne se reproduise plus. Je trouve cela abusif de demander à quelqu'un de répéter un épisode traumatique, de se replonger dans la violence, de se retrouver confronté à l'horreur. Tous ces anciens combattants n'ont pas forcément le recul nécessaire pour en parler de façon détachée. Les télés vont vouloir des larmes à l'antenne et comment ne pas compatir avec ces vieux messieurs que l'émotion submergera?
Mais toute cette débauche de moyens, de reconstitutions, de vieux matériels, de véhicules d'époque sortis de leur poussière, est-ce utile? On prétend faire une commémoration et nos dirigeants ne montreront même pas l'exemple puisqu'ils ne seront pas capable de s'asseoir à la même table de banquet pour cause de fâcherie. A quoi sert une commémoration si nos présidents n'en tirent aucune leçon?
C'est justement là qu'est le problème: je pense qu'à force de ressasser, de commémorer, de se forcer à se souvenir des grands conflits, des horreurs d'il y a 70 ans, 100 ans, on reste branché sur le passé et on s'empêche de tourner définitivement la tête vers l'à venir. Pour les témoignages, il existe des centaines d'excellents livres, films, documentaires qui nous aideront à nous faire une opinion, une idée, pour avoir des réponses à nos questions, il y a encore des vestiges, des objets, des constructions, parfois aussi des témoins vivants.
Ces commémorations existent pour nous faire la leçon, car nous craignons que cela ne se reproduise. Nous craignons... La peur... C'est de la peur dont on devrait se méfier! La meilleure leçon que nous ayons tirée de la seconde guerre mondiale a tout de même été de créer l'Europe! Objectif atteint!
Et puis les gens qui se chargent d'organiser les commémorations ont un côté sélectif que je ne partage pas, ils choisissent les thèmes, les époques, mettent la lumière sur une date et passeront sous silence d'autres dates pour je ne sais quelle hypocrite raison.
Ces événements ont existé, les morts sont morts, les leçons ont été tirées et si aujourd'hui, les partis d'extrême droite ont un regain de vigueur, c'est un sursaut face à la peur. Et se tourner vers le passé c'est avoir peur, c'est être bloqué et c'est la facilité pour raviver des idées d'un autre âge.
Remercions les âmes du passé de ce qu'elles ont fait, regardons notre quotidien et ce que nous pouvons y créer car il y a tant à inventer! Nous savons que nous ne voulons plus la guerre et il n'y aura plus de guerre grâce à notre volonté d'agir ensemble.
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