mardi 4 décembre 2012

HEJ HEJ! VILKOMMEN i NORGE!

Avant que la neige ne recouvre tout, quelques petits souvenirs à partager au soleil de l'été. En août, nos pas nous ont guidés (comme par magie, c'est fou!) en Norvège! Je connais ce pays pour y être allée tant de fois skier depuis l'année 1985. Dès le départ, ça a été le coup de foudre! Ce pays râpeux, rocailleux, âpre et sauvage m'a envoûtée. Il faut aller le chercher pour le trouver, parcourir ses déserts blancs en ski hors pistes, traverser ses lacs qu'on croit gelés et qui, soudain quand on se retrouve au beau milieu, craquent! Briser la glace pour connaître ses habitants, oublier toute forme de coquetterie pour s'y retrouver à l'état naturel, brut. Je connaissais mais mes enfants en connaissaient pas. Une bonne occasion de les y emmener! Et dès que je parle voyage, ils sautent de joie! Sur place, j'ai retrouvé des amis chers dont certains que je n'avais pas revus depuis... Yvette nous a chaleureusement accueillis à Lillehammer. Grâce à cette française installée dans cette ville depuis 42 ans, j'ai été tenue au courant de toutes les choses qu'il faut savoir sur la Norvège avec son ton propre d'expatriée, sa façon française de voir les choses, un peu comme moi. Lillehammer est la 1ère ville norvégienne chère à mon coeur. C'est là que j'ai fait mes premiers pas en ski sur le sol nordique à Nordsetter. Puis, j'y ai gagné une des médailles qui a fait ma carrière. Et à l'occasion de cette ultime visite, j'ai emmené mes enfants au musée olympique où j'ai retrouvé Haakon et Kristina.
Les Jeux Olympiques de Lillehammer (94) méritent un sujet à eux seuls mais à l'époque les photos étaient des tirages papier et il est difficile d'illustrer le sujet sur un blog actuel. C'étaient les jeux du nordique au pays du ski de fond, un rêve!! Je vous raconterai, promis!!! La photo de cette jolie fille en train de tirer (...) c'est moi! Ouah! Calmons-nous... Je suis au tir debout pendant le relais, je fais faire un sans-faute et repartir en seconde position car les russes sont assez loin devant. Mais remettons les choses en perspective: il faisait -18° depuis 2 semaines, nous étions là depuis autant de temps et bien acclimatés au froid. Néanmoins, les 3 couches en haut et 2 en bas étaient de rigueur! Mais pour ajouter un niveau de difficulté (oui, je suis du genre à ne pas faire les choses simplement...) j'avais attrappé une bronchite en arrivant qui ne m'a pas quitté durant tout le séjour malgré les antiobiotiques faiseurs d'hémorroïdes et les sirops contre la toux inefficaces!! (très glamour, n'est-ce pas?) Cela ne m'a pas empêché (ben non voyons!) de courir le 15km en terminant 11ème avec un tir à 19/20. Et le relais où nous allons remporter la médaille de bronze. Ma forme était du coup limitée mais je dois avouer que, de ma vie, je ne me suis peut-être jamais autant sorti les tripes que sur cette course. Les photos en attestent qui me montrent grimaçante. Mais je suis contente de cette tête car elle témoigne de ma rage à y arriver, à aller chercher cette médaille dont j'avais tant rêvé. Et en équipe, c'est encore plus beau!
En août, c'était l'été et nous avons pu profiter de la nature prolifique et simple et tellement belle de ce pays magnifique! Notre autre ami français, Pierre, nous a emmené près de ce lac où nous nous sommes baignés. La vue de cette étendue d'eau calme, pure, bleue, brillante aux rayons du soleil, nous a séduit. Et même plus que cela mais c'est difficilement exprimable. Quand nous nous sommes glissés dans cette eau fraîche et tonique, ce fut un ravissement. Moi qui n'aime pas spécialement l'eau, j'aurai pu nager des heures. Mais faut pas non plus exagérer... Nous nous sommes sentis comme dans un rêve, véritablement. Et je ne remercierai jamais assez Pierre de nous avoir fait découvrir ce coin de paradis.
N'est-ce pas? Oh, comme les enfants et moi on aimerait avoir une petite maison en bois au bord de ce lac!!!
Avec Brita, la femme de Pierre, nous avons fait une jolie ballade en forêt sur les pistes de ski et là aussi, ça a été un ravissement. On a vu nombre de traces d'élans, des myrtilles à profusion et des framboises arctiques! Des petites framboises de couleur orange quand elles sont mûres poussant sur un petit pied, à un fruit par pied. Elles ont un goût très particulier qui se nourrit de la tourbe et de la mousse dans laquelle elles aiment pousser. Au début de la marche, on évitait les endroits humides. Mais il est impossible de sortir d'une marche les pieds secs. Si bien qu'au bout d'un quart d'heure, on avait les pieds trempés et qu'on y allait allègrement dans les flaques, les tourbières et le lac. On a déjeûné au bord du lac en faisant griller des saucisses sur un barbecue portable (une idée à développer chez nous...) Egor s'est même baigné courageusement!
Nous sommes allés en train au bord du fjord à Andalsnes (il y a un ° sur le premier A!) La voie ferrée (Raumabanen) passe par Bjorli, d'où est originaire Tina Berger, la biathlète norvégienne gagnant tout en ce moment. A cet endroit culminant à 800m je crois, il y avait encore des plaques de neige! Nous avons vu le TrollVegen, une face verticale de 1000m et après des virages malins permettant au train de perdre de l'altitude rapidement en empruntant une pente douce, nous sommes arrivés à Andalsnes, petit village côtier où nous avons dormi chez l'habitant. C'était adorable. Mais je vous mettrai d'autres photos.
Enfin, à Oslo, la capitale que je préfère au monde (devant Paris, oui!) et qui a beaucoup changé depuis une vingtaine d'année, nous avons profité d'un temps magnifique pour visiter la ville. J'ai emmené les enfants au musée du FRAM qui, lui aussi, a changé son exposition depuis les années 90 et nous avons suivi les aventures de Amundsen au pôle sud, foulé le bateau FRAM et pris cette photo où nous avons joué le rôle de l'aventurier des pôles. Et nous avons terminé par la cerise sur le gâteau, le nouveau tremplin au sommet de la colline Holmenkollen. La légende, la mecque du ski. Nous aimerions revenir dans le pays l'hiver. Et pourquoi ne pas y rester?

dimanche 2 décembre 2012

FEMINOPHILIE

Carla Bruni qui s'aime et se revendique en "bourgeoise", en réponse quelques femmes se disant feministes qui twittent rageusement. Mais qui dénonce les pubs sexistes saturant nos télévisions, magazines et radios? Amies féministes et défenseuses des droits des femmes, recentrez vos actes, vos paroles, vos revendications et cessez de faire du buzz avec du rien. Vous souvenez-vous de cette publicité où l'on voyait un couple se préparer pour un dîner chez des amis, l'homme attendait sa femme dans le couloir et on la voyait arriver en contrejour, nue, habillée seulement de ses lunettes? J'avais écrit à un forum féministe pour dénoncer cette publicité que je trouvais non seulement choquante mais malsaine, avec des relents pervers. Ils auraient pu dire que le couple se rendait à une soirée échangiste, ça aurait recadré l'image! Mais qu'est-ce qui justifiait que la femme se rende nue à leur rendez-vous, même habillée de ses seules lunettes? Et bien j'ai reçu la réponse suivante: madame, nous avons déjà été interpellés par des téléspectateurs au sujet de cette publicité et notre service juridique estime qu'il n'y a pas lieu de faire tant de bruit pour rien... (je résume) Et bien, pour quoi devons-nous faire du bruit? Moquer les femmes, les blondes dans d'absurdes blagues en public, à la télé ou à la radio n'expose à aucune sanction, beaucoup de monde le fait en toute impunité. En revanche faire la même chose à propos des juifs, des noirs ou de Mohammet expose à de graves sanctions. Je regardais un documentaire sur de futurs pilotes de chasse et au moment où une commandant de l'armée de l'air, instructrice entre en scène, voici le commentaire que j'ai entendu: " le lieutenant Machine Truc, instructrice et néanmoins très compétente pour ce poste..." Ai-je entendu ce commentaire quand il a présenté le commandant Trucmuche, instructeur? Non. Toutes ces petites choses entendues dans le quotidien et très peu relevées par nous autres, femmes, s'accumulent et ne plaident pas en notre faveur, tant que nous ne dirons rien, que nous baisserons les yeux, que nous laisserons filer. Qui ne dit mot consent, n'est-ce pas? Le combat pour les droits des femmes a changé de domaine et rien n'est pourtant acquis! Je prends le parti de parler, quand je repère des paroles, des actes féminophobes (ou sexiste si vous voulez...) je le fais remarquer à ma fille pour la sensibiliser. Et à mon fils également. Mais je suis loin d'être parfaite. Je me suis surprise un jour à dire à mon fils :"arrête de pleurer comme une fille!" ou à des jeunes sportifs: "vous faites vos pompes comme une fille!". Après coup, j'ai été choquée d'avoir dit ça, mes paroles résonnant si bizarrement à mes oreilles! Et honteuse de rabaisser, par des jugements sexistes et ayant la vie dure, mes soeurs de genre. Je m'applique désormais à ne plus le faire, à souligner ce que mes filles sportives font et que les garçons ne font pas, à corriger les remarques désobligeantes des garçons envers les filles et à encourager les filles à ne pas se laisser faire face aux petits machos jalonnant les terrains de sport de toutes sortes. Qu'on vienne me dire ensuite que les garçons souffrent de la nouvelle attitude dominante des femmes me fait rire. Ils se conduisent comme des petits garçons se plaignant auprès de leur mère et non pas comme des hommes considérant les femmes comme des êtres indépendants capables de se conduire de façons différentes, tout comme eux! En sport, j'ai été confrontée à des remarques fatalistes de certaines filles considérant qu'il était normal pour elles de toucher moins que leurs homologues masculins à la fin d'une course car elles avaient fait moins de kilomètres. Ca me faisait bondir! Et l'investissement humain, chez qui est-il le plus important? Quand une femme choisit de retarder son désir de vie de famille pour une carrière bien menée, cela n'est-il pas un investissement important, un sacrifice? Un homme peut avoir une vie de famille très rapidement, il lui suffit de ne pas épouser une sportive! Heureusement aujourd'hui, les filles sont tout à fait décomplexées au sujet de la maternité et nombre d'entres elles n'hésitent plus à s'arrêter un an le temps de faire un enfant puis reviennent à la compétition avec un moral d'acier, des priorités recentrées, une motivation décuplée. Les entraineurs, dans leur très grande majorité des hommes, ont, enfin, constatés que la maternité n'enlevait rien aux qualités de leurs sportives. Car il faut rappeler qu'il y a 20 ans, on prenait plus au sérieux les filles relevant de blessure que relevant de couches. Bien que, dans le deuxième cas, le retour était plus sûrement couronné de succès que dans le premier cas... Et pour ce qui concerne les primes de courses, une femme qui gagne une longue distance de 50km, devrait gagner autant que l'homme gagnant le 50km. Cela se fait sur certaines compétitions mais hélas pas sur toutes. La gagnante s'est autant investie physiquement, moralement, financièrement que le gagnant, elle aussi a engrangé les heures d'entrainement tout au long de l'année, elle aussi a fait le tour des sponsors, elle aussi a mis la main à la poche pour des skis, des lunettes, des voyages, des stages. Et plutôt que de demander des factures, des justificatifs d'investissement personnel, puisqu'on sait que femme ou homme, les sportifs s'investissent dans la même proportion alors décidons une bonne fois pour toutes, pour toutes! d'égaliser les primes de courses. Non pas au nom d'une égalité de force (illusoire) mais au nom d'une égalité d'engagement personnel.

mercredi 21 novembre 2012

PAS D'EAU DANS LE GAZ!

A force de marquages au sol sauvages: "Non aux forages! Eau en danger!" ceux qui passent sur nos routes du Valromey auront compris que quelque chose se trame sous nos pieds. Il y a quelques mois, décision a été prise de ne pas laisser les compagnies pétrolières forer où elles en avaient acquis le droit, que ce soit dans le sud de la France ou chez nous. Je sais que Annecy, Frangy sont concernés en haute Savoie, le Jura près de la combe à la chèvre, le pays de Gex, le haut Valromey pour ne citer que les locaux. Mais ne nous réjouissons pas trop vite. Avec la pression que nous met le gouvernement sur les efforts à faire en temps de crise, avec la peur qui fond sur nous via les médias et leurs sujets racoleurs et anxiogènes, avec les perspectives négatives et pessimistes barrant notre horizon, des solutions vite-fait-bien-fait vont finir par s'imposer comme l'idée de forer notre sous-sol pour y puiser quelques tonnes de richesse éphémère. J'ai la chance d'habiter une région sauvage, assez méconnue et pourtant aimée des touristes ( et de ceux qui l'habitent). Et ce qui nous paraît être une chance, un environnement calme, propre, de qualité apparaît à d'autres comme le champ libre à des expérimentations nauséeuses. Et les forages à fracturation hydraulique pour le gaz et les huiles de schistes en font partie, désormais. Les Etats-Unis, ce grand et beau pays est touché, des régions sauvages où peut-être aucun homme n'avait mis les pieds sont souillées de ces travaux. Si eux ne montrent pas l'exemple, qui le fera? Encore une fois, il faudra compter sur les David se levant contre les Goliaths, à force de sitting silencieux et obstinés, de marches de la paix, d'actes de sabotages et de recours en justice. Je n'arrive pas à cerner ce qui se passe dans la tête de nos décideurs au moment de prendre la décision de permettre les forages ou non. Ils sont en stand-bye mais pour combien de temps? On voit là miroiter des ressources pour la France, made in France le temps de tenir une dizaine d'années. Et ensuite? Se posent-ils seulement la question du: "et ensuite?" Je pense que non car en politique, le "et ensuite" se pose au moment où il faut toucher ses retraites cumulées de sénateur-député-maire, où il faut toucher les subsides des droits d'auteur de livres écrits sous leur nom par des nègres la plupart du temps. Mais il n'y a plus personne quand il faut rendre des comptes pour des décisions concernant l'amiante, le sang contaminé, le médiator. Et d'autres affaires feront bientôt la une des journaux grâce aux pesticides, fongicides, produits phytosanitaires agricoles made in "multinationale chimique..." Des politiques devront rendre des comptes de leurs décisions dictées le plus souvent par des cabinets d'experts, des bureaux d'étude financés par les pollueurs et qui leur ont rapporté de quoi se payer un bateau. Et ensuite? Laura Weis, auteur d'un rapport sur les agissements en sous-terrain des grandes compagnies pétrolières dit qu': "Il y a un lobbying intensif du Parlement européen et de la Commission, des rapports d’expertise financés par l’industrie, des publicités et des sites internet conçus afin de prouver que les gaz de schiste ne constituent pas une menace pour l’environnement ou pour la santé publique et de promouvoir l’illusion d’une nouvelle source de carburant écologique." Cependant ce rapport montre que le développement des gaz de schiste menace le développement des énergies renouvelables – et risque d’enfermer l’Union européenne dans un avenir de combustibles fossiles. L’auteur du rapport affirme encore: « Les grands acteurs de l’industrie pétrolière et gazière tentent de façonner les gaz de schiste comme une source de carburant respectueux de l’environnement, et ont attiré les eurodéputés avec des repas et autres cocktails pour les convaincre de ses avantages. Ils ont déjà investi des millions d’euros dans des opérations de lobbying à Bruxelles pour tenter d’induire en erreur les décideurs publiques et lutter contre toute forme de réglementation nécessaire à la protection de l’environnement et de la santé publique." (source du collectif "stop gaz de schiste, Rhône-Alpes Nord") Je n'ai pas envie que ma vallée devienne un no mans land où toute vie sera impossible du fait de l'eau impropre, des odeurs pestilentielles. Je ne veux pas qu'elle devienne plus tard un réservoir pour y enfouir leurs déchets nucléaires et toxiques car vidée de sa population et livrée à leurs desseins hypocrites sans limites. A moins que... A moins qu'un irréductible village gaulois s'opposant à la loi de Rome... heu pardon, à la loi française ne leur en fasse voir de toutes les couleurs en balançant des menhirs, en foutant des baffes aux CRS et en fêtant cela dans la bonne humeur. Restons vigilants! Ce qui me rassure c'est que les réseaux locaux fonctionnent très bien chez nous, les AMAP, les collectifs, les pétitions. Sur le site "stop gaz de schiste" vous pouvez voir les photos des camions blancs préposés au pré-forage qu'il faut immédiatement signaler quand il y en a un qui se ballade chez vous. Arrêtons de dire "c'est pas nous qu'on décide, on peut rien y faire, bon dieu...!" On peut y faire quelque chose, en parler, se faire un avis sur la question, se documenter, se tenir au courant des décisions et ensuite, agir. Car il faudra agir. On ne fera rien pour nous, en haut. Ou si peu. Nous sommes les seuls acteurs de nos vies et la pérennité de notre environnement passe par nos actions groupées.

samedi 10 novembre 2012

SI LOIN SI PROCHE

Il y a 14 mois, Leyla était hospitalisée pour qu'on lui installe un PAC (boitier sous-cutané permettant les piqûres sans abîmer les veines du bras) et le jour même de l'opération, elle recevait sa première chimio. J'avais la nausée, la peur au ventre, j'avais craqué en appelant mon frère au téléphone pour laisser la bulle éclater. Leyla n'en menait pas large non plus, on ignorait ce qui nous attendait ni dans quelle proportion. Puis, à la peur avait succédé l'angoisse qui sont deux choses bien différentes. La peur que les nouvelles ne soient pas bonnes dans le cas où sa moëlle osseuse serait touchée. L'angoisse après avoir été rassurées, devant l'inconnu. Peu à peu, nous avions pris nos marques dans les divers endroits de l'hôpital: cantine où je faisais connaissance des autres parents, cafétéria où le monde extérieur à la maladie et à l'hôpital venait nous côtoyer pour quelques instants, rue Lumière où je reprenais pied dans la réalité de la vie. Et les ateliers proposés aux petits malades où nous rencontrions des gens généreux et de bonne volonté. C'était l'an dernier. C'est loin et pourtant encore si proche. Je me dis que tout ça maintenant est derrière nous mais la mémoire est sélective puisque j'ai oublié le nom des médicaments. En revenant dans le service aujourd'hui, l'odeur des couloirs nous prend les tripes et nous ramène en arrière sans ménagements. Nous croisons les mêmes têtes: aides-soignantes, puéricultrices, infirmières, docteurs sont fidèles à leur poste. Mais bien des choses ont changées. L'atelier couture grâce auquel Leyla a réalisé le début de son rêve n'était plus là, la salle vide semblait triste. Le majestueux lion en chocolat dans l'entrée d'une valeur de huit milles euros a disparu (quelqu'un l'aurait-il mangé?) Non, une épidémie d'aspergillose en est la cause. Le maillot jaune offert par Lance Armstrong a été décroché (quelqu'un l'aurait-il volé?) Non, depuis peu ce maillot jaune symbolise la triche, le dopage et la tromperie et il eût été malvenu pour un hôpital de cautionner cela. Pourtant il y a une chose que je ne peux reprocher à cet américain, c'est sa force de persuasion pour les levées de fond pour la recherche contre le cancer, c'est son combat contre le cancer, c'est son leadership pour rassembler les malades afin qu'ils se sentent moins seuls. Certes il a eu le tort d'y associer son palmarès - à l'époque c'était plutôt une super opération marketing - car désormais les donateurs risquent de se faire plus timides. Je suis capable de dissocier les deux personnages qu'il incarne : le cycliste tricheur et le survivant du cancer. Et s'il n'a pas détourné d'argent comme à son époque Jacques Crozemarie, je suis prête à lui verser une donation. Cette parenthèse étant tournée, Leyla entre au bloc aujourd'hui pour qu'on lui enlève ce système sous-cutané. En général, quand on fait ça, c'est que la maladie est derrière soi, qu'il y a longtemps que les traitements ont cessés bien qu'il faille revenir tous les 3 mois pour des visites de surveillance. C'est une bonne nouvelle qu'un enfant ou un malade se fasse enlever le PAC. Et quand, à la cantine, je retrouve Denise, notre chère Denise bien étonnée de nous voir, je la rassure. Denise est une personne merveilleuse qu'on va saluer même si l'on ne doit passer que dix minutes dans l'hôpital, elle est le soleil des enfants, des parents. Avec elle, on peut discuter de tout, elle repère à cent mètres les nouveaux arrivants, les rassure, les accompagne, elle connait tous les petits qui viennent ici. Elle tient comme à la prunelle de ses yeux aux dessins, photos et autres cadeaux qui décorent sa salle à manger car venant des petits malades reconnaissants. Alors quand les services de désinfection sont passés là cet été en pleine épidémie et qu'ils ont tout décroché pour tout mettre à la poubelle, Denise en a pleuré et pas dormi de la nuit! C'était son coeur qu'on arrachait! Il y a même encore des médecins pour déplorer que son coin ne ressemble pas à un hôpital... S'ils savaient qu'on s'y sent bien justement parce que dans cet espace on ne se sent pas être à l'hôpital. Quelle déprime si tous les coins détente de l'hosto devaient être standardisés, tristounets, froids, blancs. Comme nous avons passé une nuit là-bas, j'ai pu venir au petit-déjeûner. L'an dernier, c'était le moment de la journée que je préférais car c'est le "debriefing". Le midi, il y a du monde et c'est moins intimiste et le soir, l'ambiance sans Denise est carrément glauque et chacun reste dans sa chambre. Le matin, on voit les parents arriver un à un avec des mines plus ou moins épouvantables selon que la nuit a été dure, blanche ou difficile. Mais on essaie de faire bonne figure, surtout ne pas se laisser aller! On se raconte ce qui s'est passé, on échange des tuyaux, on se soutient mutuellement. Et la journée commence plus légèrement que ce qu'on craignait grâce aux mots simples des autres, à cet esprit combatif que nous avons tous face à la maladie et à ses complications. Je relativisais aussi, bien que Leyla ait aussi beaucoup souffert à certains moments. Car je savais qu'elle allait guérir! Quand on sait qu'on va guérir, les moments difficiles sont moins difficiles à vivre. Mais pour certains parents, combien j'ai pu admirer leur courage, leur simplicité, leur humilité face des maladies incurables, rares ou dégradées par des complications à répétitions. Je relativisais et je pensais à eux par la suite en les soutenant mentalement, muettement. Ce matin, j'ai rencontré un père formidable. Son fils de 17 ans a une forme de cancer très rare qui se manifeste de la façon suivante: au lieu d'attaquer les corps étrangers et de défendre l'organisme, les globules blancs attaquent les os et cela donne des grosseurs que l'on peut enlever par chirurgie. Mais pour le reste, pour contrer ce défaut de programmation des globules blancs, les médecins sont peu sûrs d'eux. Ils font le tour du monde des autres centres d'oncologie à la recherche d'informations. Et là, son fils est au troisième étage depuis 6 mois!! Il est en aplasie depuis 7 semaines. Et quand le professeur qui les suit rentrera des Etats Unis, ils testeront quelque chose sur lui pour tenter de faire remonter ses globules rouges. Ce sera du quitte ou double. Et ce monsieur précise que son fils est né autiste. Les difficultés dans la vie, il connait et pourtant il ajoute: "ce cancer, c'est quand même quelque chose d'incroyable, une grande expérience!". J'acquiesse car Leyla a sorti des choses positives de sa maladie. Et ce papa, au lieu de se lamenter sur le sort qui pourrait s'acharner sur lui, est capable de philosopher. C'est une grande leçon pour moi. Son fils peut mourir à la suite de cette tentative, je sens sa sensibilité, son émotion dans sa voix quand il l'évoque sans le dire et je n'ai que mon regard pour le soutenir, des mots dérisoires pour lui montrer que je penserai à lui et à son fils par la suite, des petits riens. A l'époque, des petits riens m'ont aidée et il ne faut pas s'en priver à l'égard des autres, redistribuer ce qui nous a été donné avec générosité. Cette histoire m'a bouleversée. Quand je dois dire adieu à Denise, je lui tombe dans les bras et je pleure. Je suis heureuse que ce soit fini pour Leyla et je suis triste que ça doive continuer pour d'autres sans doute dans des circonstances dramatiques. C'est la vie et c'est tellement injuste. Je quitte cette salle de cantine où, même quand on est en dehors de la maladie grâce à la rémission, on y reste toujours un peu au contact des autres. Pour ma part, je choisis de garder des pensées positives pour ceux que je connais et qui n'ont pas encore guéris ainsi que pour ceux que je ne connais pas. Tout s'est bien passé pour Leyla. Elle avait un peu mal au coeur à cause d'un anti douleur assez carabiné et j'ai retrouvé mes réflexes rapidement: être présente sans être oppressante même si cela arrive fatalement, devancer les besoins, être attentive à l'évolution et à l'organisation de la journée, trouver les mots pour réconforter. C'est derrière nous maintenant. J'ai eu le contre-coup au printemps, fatigue, lassitude, envie de rien, à deux doigts de la déprime. Puis j'ai fait le tri dans ma vie, gardé ce qui me faisait du bien, débarrassé de ce qui me pesait et ça a passé. Leyla évolue aussi et dans le bon sens! Souhaitons-lui bientôt un bon 17ème anniversaire et qu'elle puisse faire quelques courses de biathlon cet hiver!!

dimanche 29 avril 2012

DE FERME EN FERME

En cette belle journée, partis à la découverte du patrimoine culturel et surtout gastronomique du Bugey, nous nous sommes arrêtés dans la bergerie de Munet.
Chaque année, à l'occasion des journées portes ouvertes, les propriétaires de cette bergerie: Katharina Henning et André Pétroud, reçoivent des centaines de visiteurs en 2 jours, preuve que leur succès n'est pas volé. Nous avons suivi la visite du laboratoire où Katharina fabrique ses fromages. Sa passion pour les fromages n'a d'égale que l'amour de son mari pour ses vaches! Avec du lait de vache, de brebis et de chèvre, elle crée des fromages vraiment originaux et parfois même sur commande! Elle mélange les techniques de fabrication pour arriver à de jolis fromages délicieux et son expérience fait le reste. Dernièrement, ils ont creusé 2 caves sous la maison pour pouvoir affiner plus avant leur production et ne dépendre que d'eux-même. Katharina est en train de mettre au point 2 fromages inspirés de la raclette et du comté afin de passer la production de lait des vaches de son mari.
Ils ont des cochons qui adorent le petit lait et qui en dernier lieu, font d'excellents saucissons...
Et d'adorables petites chèvres chamoisées produisant 2 litres de lait par jour.
Les chevrettes et les brebis qui elles, donnent jusqu'à 2.5l de lait. Comparé aux vaches et leur 25 litres de lait journaliers, il faut beaucoup de caprins pour assurer une bonne production de fromages. C'est 12 h de travail par jour! 6 h en laboratoire pour la fabrication et le reste dans l'écurie pour soigner les bêtes.
Les brebis de 3 semaines. Bien-sûr, il ne faut pas comme mon père, penser au gigot d'agneau...
Et le bouc qui ne "travaille" que quelques semaines par an, en automne. 5 mois plus tard, les petits naissent. C'est l'agnelage.
La production: les bûchettes au lait de vache. J'étais étonnée, lors de la dégustation, que leur goût fût plus fort que les autres.
La tommette de brebis, avec des affinages différents ainsi que pour les fromages de chèvre. En maturité avancée, ils ont du caractère sans être des fromages qui puent, ils gardent un tenue en bouche et des parfums fruités.
Le saucisson de chèvre, très doux et fin, peu gras.
La tomme de vache.
Katharina est présente sur de nombreux marchés: Champagne en Valromey, Artemare, Belley et fournit les paniers de l'AMAP du Bugey. Elle a crée des fromages de chèvre au coeur crémeux, un fromage de chèvre inspiré de la recette du camembert dans son affinage. Il y a plusieurs façons de faire un fromage et la cuisson, la presure, l'affinage sont tous des acteurs dynamiques déterminants pour créer un fromage. Ce ne sont pas des fromages pasteurisés élaborés dans des labos blanc, neutres et stériles mais des fromages naturels nés de l'inventivité et de l'inspiration de sa créatrice.
Bien-sûr, ces fromages sont tous certifiés BIO ! Et vendus avec le sourire!!
Fabriqués au pied du Colombier, du côté le plus abrupt.
Après le fromage, le miel !! Direction les Ruchers de l'Arvière chez les Lanthelme à Vaux-Moret, sous Vieu, près de la source du Groin. Un petit coin de paradis assez impossible à trouver où Frédérique récolte son miel avec le sourire et elle aussi beaucoup d'imagination.
Sur l'étal cet après-midi, des pots de miel en verre ou en plastique et au choix: miel de printemps très sucré, miel de tilleul, de chataignier, de fleurs, d'accacia. Palets au miel, pains d'épices miellés parfumés à l'orange, une sorte de guimauve au miel et du nougat. Il y a aussi des pots de miel où baignent des noisettes, un pur régal !!
Et pour bien finir la journée, on a poursuivi la promenade jusqu'à la source du Groin à quelques pas où la résurgence était pleine d'une belle eau turquoise. Après des recherches, des spéléologues ont conclu que cette source venait du plateau du Retord. Logique puisqu'avec la neige tombée en abondance ces derniers jours, la fonte a rempli la vasque. L'an dernier à la même époque, le trou était à sec. Et c'est assez profond. C'est une source dangereuse. Pourquoi s'appelle t-elle le groin? Sans doute parce que quand elle se remplit, elle glougloute comme un cochon qui couine... Dangereuse car elle a déjà engloutit plusieurs imprudents. Ses gorges en aval sont profondes et lugubres.
Ne manquait que le vin que nous aurions pu déguster chez Sylvain Bois à Béon, ce sera pour l'année prochaine!!

lundi 16 avril 2012

FRIENDS


Je voudrais remercier toutes celles et ceux qui viennent visiter mon blog, pas si nombreux mais j'espère que ça va changer...
Merci à ceux qui ont laissé des commentaires, vos messages de soutien cet automne, votre patience quand je reste des semaines sans écrire et votre tolérance à la lecture de ces messages...
Je vais continuer à raconter mes bêtises, à poster mes photos d'amatrice parce que j'aime bien vous embêter après tout!!

WINTER MEMORIES

Quelques photos pour remonter le temps de cet hiver, les podiums, les équipes, les anecdotes... Souvenirs...


Mon petit Egor sur la machine à bras surnommée "Karachov", ça l'amuse!


Le nouvel an à Tignes avec ma soeur, sous la neige sur le front de neige et la fête!!


Le superbe sapin de Noël sur la place de Megève, décoré de cristaux de Swarovski.


Les ingrédients de la fondue, maintes fois appréciée en cet hiver glacial! Huumm!


La belle surprise de l'année: Egor et son père Oleg, de passage en France à Bessans, une rencontre incontournable et ô combien importante!


Les cadettes Laurie, Margot et Mégane découvrant leur cadeaux après leur 3ème place aux UNSS.


Les mêmes chipies...


Encore elles, sur le podium aux UNSS de Boréon


Pour la journée raid du stage des cadets, un temps de rêve, une neige poudreuse, fraîche et profonde où on s'est bien amusés!


Avec Margot


Malory


Egor en ski alpin, il s'est bien débrouillé.


Des antiquités...


Antoine Michel, le contraire d'une antiquité... Un grand espoir qui a fait un podium en fond sur la dernière course des championnats de France cadets. Merci!


Son concurrent et néanmoins ami, Jules Lapierre qui a (presque) tout gagné cet hiver, avec talent et simplicité.


Et enfin Alexandre Béréziat, champion de France de la masstart ski de fond, transfuge du biathlon le temps d'un week-end. Il sera aussi successfull en biathlon, no problemo!

mardi 31 janvier 2012

Mardi 31 janvier, 9h00 du mat, -8°, 20cm de neige sur le plateau de Retord, séance de ski classique.


On y va?


Magnifique nature ensevelie sous la neige tombante. Ce jour, c'est blanc sur blanc, il n'y a pas de contrastes et c'est justement ce qui est beau. Le paysage est noir et blanc, sobre.


J'ai quitté les pistes pour faire ma trace, la neige est douce sous les skis, un écureuil s'enfuit dans un arbre, les traces d'animaux se croisent: lièvre, renard, martre.


La veille, un brouillard givrant a fait naître des épines de glace sur toutes les branches. Et la neige nouvelle alourdit encore la décoration.


Le manteau neigeux est conséquent, 30 à 40cm avec une sous-couche glacée coriace résistant aux seaux d'eau que jette le ciel parfois... Les têtes de gentiane percent tout juste.


La chapelle de Retord a dû en voir des hivers rigoureux! Immuable, tranquille, paisible, elle regarde passer les skieurs l'hiver, les vaches et les randonneurs l'été. Les vers des poèmes de Delphine Arène résonnent-ils encore dans ses murs?