dimanche 26 décembre 2010

Ayant vaincu mon complexe d'infériorité ou ma timidité, c'est selon, je me suis portée volontaire pour aider à l'encadrement d'une coupe d'europe de ski de fond les 18 et 19 décembre dernier avec l'équipe de France.
Nous nous sommes rendus en Autriche à St Ulrich am Pillersee (à côté de Hochfilzen) avec 18 skieurs sélectionnés (juniors et séniors) pour 3 courses : un KO sprint en skate, un 10km en skate et une masstart en classic. La neige y était au rendez-vous, le froid aussi avec 2 jours à
-17°. Les conditions sont restées stables pendant tout le séjour : neige fraîche et froide avec un fond dur, -10° en moyenne.

Je connais parfaitement le circuit coupe du Monde-coupe d'Europe en biathlon, l'ayant fréquenté pendant 10 ans. Mais depuis ma retraite puis ma reprise en tant qu'entraineur en 2007, le monde du ski de fond avait changé et mes déplacements en coupe du Monde de ski de fond dataient de 1991...! J'étais consciente de mes lacunes : reprise de contact avec le fartage de retenue, avec la technique du classique qui avait considérablement évoluée, avec les nouvelles têtes que je ne connaissais pas, etc. Je me sentais parfaitement ignorante de bien des choses et mettait à contribution immédiatement mon esprit d'observation pour combler les trous de mémoire. Et quand j'appris que les entraineurs de région pouvaient accompagner l'équipe de France en déplacement sur les courses européennes, j'ai été à la fois intéressée et découragée. Intéressée car je savais qu'avec l'élite, je progresserai. Découragée car je m'imaginais que je ne m'en sortirai pas.

J'ai attendu 3 hivers avant de me décider. Et j'ai postulé pour cette coupe d'Europe mi-décembre qui ne me demandait pas trop d'organisation pour mon remplacement dans ma région. Une fois que j'ai pu mettre en place les 2 entrainements où je serai absente chez moi, j'ai pu partir la tête légère et l'esprit curieux !

Je connaissais tout le staff (nous étions 6 au total) : Mathieu Fort, l'entraineur des juniors. Gérard Durand-Poudret qui s'occupe de l'aspect technique et fart. Philippe Grandclément, intervenant de qualité sur les stages des juniors et au pôle France à Prémanon. Thibaut Chêne, CTS du comité Alpes-Provence. Jean Hemaury (je ne suis pas sûre de l'othographe du nom...) responsable des séniors du comité du Massif Jurassien. Et moi-même.

Moi qui met un point d'honneur à toujours organiser correctement les conditions de travail sur le terrain et de distribuer au plus juste le rôle de chacun, je n'ai pas été déçue. L'organisation était tip-top, le matériel impeccable, l'entente très bonne et la communication correcte.

Mon rôle a consisté à faire des skis à tour de bras. Je m'explique: d'abord farter les skis en glisse: sur les skis tests, appliquer une base, la râcler, la brosser. Appliquer ensuite la poudre ou le produit fluoré avec un masque de protection, faire refroidir les skis et brosser, brosser, brosser...

Une fois que les skis ont été testés, une tendance, un choix est fait quant au fart à mettre pour la course et nous l'appliquons alors sous les skis des coureurs. Chaque coureur donne 1 paire de ski déterminée la veille. A 6 coachs, farter 18 paires de skis ne nous prenait que 1h30 au max. En région, c'est différent. Quand le coach est seul avec 10 paires de skis, il se couche vers 2h du matin!

Avec notre masque sur le nez pour se protéger des émanations étoilées du fluor chauffé à blanc, il fallait étaler la poudre sur les skis, la chauffer, la relever avec une petite brosse, la refaire chauffer. Sortir le ski dehors. Puis brosser avec une brosse dure, avec une brosse moyenne puis une brosse souple. Quand on veut que le travail soit parfait pour une glisse excellente, il faut donner entre 100 et 150 coups de brosse sous chaque ski !!

Puis le jour de la course, on se répartit sur la piste pour les encouragements et les renseignements de temps, avec des bâtons pour parer à toute éventualité de casse. Là, il faut prévoir LA grosse veste chaude, LES chaussures chaudes pour rester 1h30 à 2h les pieds dans la neige pendant la course sans trop bouger. J'emmène toujours un petit thermos de thé. Et j'ai une veste ouatinée longue et épaisse absolument idéale pour ça.

Sur cette coupe d'Europe, les juniors ont fait des courses superbes. Quand je les renseignais, c'était pour leur donner des temps par rapport au premier à quelques secondes ou pour leur dire qu'ils étaient premier! Suspense! On a tous un talkie et on écoute avec attention le déroulement de la course et du classement sur les autres endroits de la piste qu'on ne voit pas. On fait passer des infos telles que :" dis-lui de bien relancer!" ou "Il faut qu'elle sorte des traces en descente!" etc. J'ai pu me rendre compte du niveau européen où les allemands et les suisses sont à la bagarre avec les français. Où les filles ont encore beaucoup à faire pour performer en tête de course, malgré leur motivation. Je me souvenais du temps (lointain) où j'étais moi-même en course.

De retour sur le stade, je félicite les français montant sur le podium et je dis un mot à celui ou celle qui m'a inspiré un commentaire. Ils ne me connaissaient pas bien, moi non plus, c'était l'occasion de briser la glace. Ce sont tous des jeunes gens très intéressants et sympathiques, avec des qualités physiques en devenir ou déjà établies, avec des mentalités différentes dont il faut tenir compte.

Le dimanche, Paul Goalabre avait gagné le KO sprint junior et le 10km skate. Et Alexis Jeannerod avait prit la 2ème place du 10km skate et du 15km classique. Ca fait plaisir! Avec de bons skis, comparés aux autres nations.

Je suis rentrée avec la satisfaction d'avoir surmonté mon manque de confiance car les choses se sont bien passées et j'espère avoir bien travaillé. Je me sens surtout décomplexée car je travaille finalement correctement dans ma propre région et 1 ou 2 déplacements de ce type par hiver est idéal pour se perfectionner, pour prendre part à la bonne marche des jeunes équipes françaises et pour se familiariser avec le milieu. C'est une expérience à renouveler l'an prochain.

Pour info, les championnats du Monde juniors auront lieu en février à Otepää en Finlande avec 6 garçons et autant de filles je pense. Un junior bien placé (dans les 10 voire les 5 premiers) dans une course mondiale est un futur sénior de talent. Exemple : Maurice Manificat, champion du monde junior.

Les nordiques (Norvège, Suède) ont un certain réservoir de jeunes talents tant en filles qu'en garçons. Et en Europe, il faut toujours compter sur les italiens, les allemands, les suisses depuis quelques années et quelques français. Il y a toujours des individualités pouvant pointer dans une nation : République Tchèque, Pologne, Slovénie grâce aux parcours encourageants de séniors confirmés.

Au niveau mondial, les russes ont un vivier impressionnant de jeunes pousses rapides mais ils ont fait des vagues l'an dernier à cause de contrôles antidopage positifs. Qu'un sénior soit pris positif, ce n'est pas normal. Mais qu'on puisse trouver des juniors positifs, des jeunes gens d'à peine 18 ans, je trouve cela scandaleux! C'est les faire baigner dans la triche et la m... dès le plus jeune âge en les y forçant le plus souvent, c'est leur présenter le sport sous sa forme la plus honteuse (ne pas respecter les règles) et c'est leur forger une mentalité tronquée dont ils auront du mal à se défaire pour le reste de leur carrière (s'ils passent à travers les contrôles..). Quand le dopage est étatisé, les juniors ne sont que les derniers maillons de la chaîne, que la conséquence d'un système pourri où tout le staff est fautif, du médecin à l'entraineur, en passant par le président de la fédération au kinésithérapeute.

De mon humble avis et d'après mes observations, il y a plusieurs types de dopage : le dopage à l'échelle de l'équipe, de la fédération où tout le monde est impliqué en ayant l'idée plutôt de compenser un manque et en croyant être dans son bon droit.

Le dopage individuel où l'on trouve un athlète s'entrainant souvent seul avec son propre staff, écarté, se tenant éloigné des autres, fragilisé mentalement parfois et manquant de confiance en lui mais avec la ferme intention de combler son retard, ses lacunes, ses faiblesses avec un ou des produits miracles ou encore de prendre sa revanche sur une personne ou un système qui l'a lâché.

Enfin, le dopage "erreur" où l'athlète a avalé un produit acheté sur internet sans penser qu'il serait "sale", où il a pris un sirop pour la toux à la codéine inoffensif mais interdit etc. Aucune intention de tricher dans tout ça, de la naïveté, de l'innocence (au sens juridique) et souvent la même sanction que pour les autres "types" de dopage.

Le ministère des Sports tient à la disposition de chacun la liste des produits dopants et référencés mais ce n'est pas si simple. Au niveau régional, il faut souvent rappeler aux jeunes de faire attention quand ils sont malades et qu'ils vont à la pharmacie. Sur les courses nationales, des contrôles antidopage sont régulièrement mis en place et de façon impromptue, il est important de respecter les règles et surtout de rester vigilant sur ce qu'on avale.

Je m'égare un peu de mon sujet premier...
Quoiqu'il en soit, la détection, la préparation, l'affirmation des jeunes skieurs est un sujet perpétuel de conversation entre entraineurs, alimenté par ce qu'on observe chez nos voisins. Et c'est passionnant, toujours en évolution.

Regardez les résultats sur ffs.fr ou sur fis-ski.com. Bon ski !

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