Bonjour tout le monde, ça faisait longtemps que je n'avais papotté sur ce blog...
D'une part il y a eu les vacances à l'étranger (bientôt en images sur le blog!) et d'autre part, l'annonce de la maladie de ma fille.
Au mois de mai, Leyla avait remarqué un ganglion à la base du cou, entre la clavicule et le muscle trapèze. Son père qui ne laisse rien au hasard pour ce qui concerne la santé l'a de suite emmenée chez le docteur. Ce dernier, ayant rarement vu cela, a fait le nécessaire pour que l'énigme soit résolue : analyses de sang avec des données de globules blancs un peu haut mais pas encore significatifs. Echographie où le docteur a trouvé suspects les ganglions (au nombre d'une dizaine cette fois après à peine un mois) et a demandé à faire une biopsie. Les résultats de cette biopsie ont montré la présence de lymphocites B et T, ceux-là même qui luttent contre les cellules cancéreuses mais sans qu'un diagnostique puisse être véritablement établi. Et enfin extraction d'un ganglion pour l'analyser tranche par tranche et résultats la veille de partir en vacances.
Je ne suis pas allée beaucoup regarder sur internet car il s'y dit tout et son contraire et tant que nous ne savions pas ce qu'elle avait, ça ne servait à rien de psychoter. J'avais néanmoins opté pour cette maladie vu les rares symptômes que Leyla montrait, c'est à dire des ganglions gonflés et des démangeaisons derrière les genoux. Pas de sueurs nocturnes, pas de fatigue ou de perte de poids, elle se portait comme un charme et était plutôt en forme! Un site médical canadien très bien renseigné m'avait fourni les explications que je cherchais et je n'ai plus regardé autre chose jusqu'à avoir les résultats des tests.
Il s'est passé 2 mois entre la 1ère visite chez le docteur traitant et le diagnostique ferme. (Pas définitif encore...) J'avoue qu'à la fin, je ne croyais plus que Leyla pût souffrir de quelque chose de grave tant l'attente fût longue. Au pire un virus, au mieux une lubie de son corps pour se rendre intéressant. On fréquente peu les médecins dans la famille, Leyla tombe rarement malade et je ne suis jamais pressée d'aller donner 25€ au docteur pour avoir des anti inflammatoires ou un sirop pour la toux.
Heureusement, dans ce cas précis, le père de Leyla a accéléré les choses. Il est lui-même parano concernant sa santé et celle de ses enfants pour des raisons qui lui sont personnelles (et que je respecte) et même si nous sommes divorcés, un enfant a 2 parents, donc 2 avis sur lesquels il faut compter et son avis l'a emporté. Disons que j'aurai emmené Leyla voir le docteur quelques semaines plus tard que lui, ce qui n'aurait pas changé grand-chose.
J'étais donc debout sur le trottoir à Hauteville devant une bijouterie quand j'ai répondu au téléphone. La 1ère fois que ce numéro avait appelé je l'avais refusé car j'étais en train de parler avec l'amie de mon frère qui tient précisément cette bijouterie et je ne voulais pas couper court à notre conversation. Mais c'est finalement à la faveur de 2 clients entrant dans la boutique que je décrochai. C'était l'hôpital. La secrétaire avait une voix gaie en me disant qu'elle allait me passer le docteur. J'attendais cet appel depuis 2 semaines et je venais de le refuser. A la voix gaie de cette femme, je me dis que les nouvelles devaient être bonnes finalement. Qu'on avait eu tort de se faire du souci et qu'on n'aurait plus qu'à oublier les "si". Mais une autre pensée suivant toujours la précédente comme son ombre me vint à l'esprit et me rappela que ce n'était pas si simple, que même s'il n'y avait rien, il fallait savoir pourquoi ces choses étaient là!
J'eus le docteur rapidement et le reconnu à son accent. Il me demanda comment allait ma fille et si elle se faisait du souci. "Si elle se fait du souci, répondis-je, elle ne le montre pas!"
Et il me dit enfin les résultats : c'était la maladie de Hodgkins. Ils avaient envoyé leurs résultats à Lyon pour avoir un deuxième avis qu'ils venaient de confirmer.
Je n'ai pas eu de coup de bambou ni d'arrêt du coeur. Mes soupçons étaient confirmés, je ressentais un mélange de soulagement et de crainte entrevoyant tout le sérieux de la situation.
Enfin je savais. Nous savions! Et nous allions entrer dans un autre monde bien différent du nôtre.
Pourtant ma première idée, debout dans cette rue passante, justement parce que je me trouvais au centre de la vie, du mouvement, je me dis que la vie continuait et que nous devions continuer avec elle. Ca m'a paru tellement naturel!
Je m'étonnai de mon calme ou plutôt de mon froid détachement en écoutant le docteur dire, avec des mots choisis et compatissants, qu'il faudrait une chimiothérapie pour soigner ça, tout ce que Leyla redoutait! Ce mot passerait mal auprès d'elle.
Egor était près de moi et je lui dis ce qui se passait. A son air grave, je compris qu'il avait compris.
Je réussis à trouver Andy chez lui et à lui annoncer. Il fut bouleversé mais enfin, comme moi, il savait maintenant et on allait pouvoir agir.
Sur le chemin du retour à la maison, je me suis trouvée tiraillée entre 2 choix: tout dire à ma fille dès aujourd'hui ou attendre qu'on soit partis en vacances pour lui avouer. Mais l'idée même qu'elle avait un cancer des ganglions lymphatiques courait dans mon esprit à une allure folle engendrant des suites de pensées graves et désespérées et je me retrouvai seule avec ce secret. Ce secret qui me brûlait les lèvres. Leyla était la première concernée et je ne pouvais lui cacher la vérité plus longtemps. Je la regardai pendant le repas et pris ma décision.
Je l'emmenai dans sa chambre et lui dis tout. Au nom de "chimiothérapie", elle éclata en sanglots comme je l'avais prévu. Je ne pouvais pas craquer, je ne voulais pas craquer devant elle, je devais tenir bon, rester droite et forte pour la soutenir.
Ni elle ni moi ne ressentions de sentiment d'injustice à l'annonce de la maladie. Mais juste : comment la soigner.
Nous l'avons annoncé à mes parents et pour eux aussi, pour les épargner, je me suis demandé s'il fallait tout leur dire tout de suite. Et Leyla m'a conseillé de le faire. Par respect pour eux, pour tout ce qu'ils avaient fait pour les enfants depuis qu'ils sont nés, nous leur devions la vérité! Ma mère n'a pas eu conscience tout de suite de la gravité de la chose mais plusieurs jours après. Et j'ai demandé à mes parents, sur la recommandation de ma fille, restés à la maison pendant notre absence, de répondre aux nombreuses personnes qui demandaient des nouvelles de Leyla, de leur dire la vérité. Elle a horreur des cachotteries. Et puis, mes parents ont besoin de soutien et d'en parler à leurs amis leur a fait du bien.
Comme nous en avions convenu, nous sommes partis en vacances le lendemain.
Delphyne.
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