Une petite étoile est montée au firmament la semaine dernière. Une petite étoile ajoutée au ciel, une autre façon de dire qu'une jeune fille n'a pas survécu au cancer.
Elle a été la voisine de lit de Leyla l'an dernier en novembre quand ma fille était au plus mal. Discrète, douce, fine, elle avait versé des larmes de joie à l'annonce de sa dernière chimio. On était heureuses pour elle. Leyla et elle se donnaient des nouvelles par Facebook. C'était plutôt rassurant.
Nous l'avons croisée la dernière fois en mai à l'hôpital lors de la visite de "routine" avec radio. Elle était encore plus mince que 6 mois auparavant, paraissait fragile. Nous avons échangé quelques mots avant qu'elle soit appelée avec sa famille pour voir le docteur. Elle disait qu'elle n'arrivait pas à reprendre le sport alors qu'elle en avait une envie folle. Leyla pour sa part était en rémission et reprenait le sport. Nous l'avons encouragée à s'accrocher pour bien récupérer puis elle s'est levée.
Une heure plus tard, après avoir salué des connaissances dans l'hôpital, nous sommes passés devant les salles où les docteurs parlent en privé à leurs patients. Là où ils annoncent les mauvaises nouvelles en général. Et nous l'avons vue en pleurs devant la porte, son père décontenancé. Rapidement il m'a dit que c'était une rechute...
C'était reparti pour la maladie, les chimios, les opérations. Ça nous a fait de la peine.
J'ai ressenti ce décalage entre eux et nous: entre la rémission, la vie devant soi et la rechute, l'angoisse, les questionnements, les mauvais moments. J'avais l'impression que nous marchions dans le soleil et qu'ils venaient d'entrer dans l'ombre. Je voulais les entraîner avec nous dans la lumière.
Et puis nous sommes restés de longs mois avec de rares nouvelles.
Et dimanche dernier, en rentrant d'un week end de compétition, Leyla m'annonce de but en blanc que cette petite venait de mourir. Elle avait vu une déclaration de sa famille sur son compte Facebook. J'ai éclaté en sanglots. Quelle injustice! Cette petite si jolie, si jeune!! Vaincue par le cancer. Un sarcome de Ewing je crois, une saloperie. Encore à l'heure d'écrire ces mots, j'ai la gorge nouée.
Leyla a rencontré d'autres jeunes filles comme voisines de lit, nous avons de leurs nouvelles de temps en temps, des nouvelles rassurantes. Mais je pensais beaucoup à cette jeune fille, si calme, qui ne disait pas grand-chose, avec un visage me rappelant celui de l'actrice Rachel MacAdams. Je lui envoyais des pensées réconfortantes, espérant que les pensées voyageaient vraiment d'une personne à l'autre. Mais il y a hélas des choses plus fortes que l'espérance et l'optimisme, plus tenaces que l'innocence et la vie. Hélas.
Toujours avec l'espoir que mes pensées savent voyager encore et ne sont pas découragées, qu'elles volent vers ses parents, sa famille pour qu'ils sachent que je garde le souvenir de leur enfant avec émotion et chaleur.
Et toi petite Audrey, débarrassée des douleurs, de la maladie, de la peur, je te regarderai briller, dans la paix.