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Si vous croyez que lors des week end de courses où j'accompagne les jeunes je fais beaucoup de ski, vous vous trompez!
Il s'agit surtout de soulever des kilos de matos toute la journée, de répéter les mêmes gestes pendant 3 jours, de se faire du souci pour trouver le bon fart, d'avoir des courbatures aux bras et de se taper les voyages aller-retour bon pied-bon oeil quand les jeunes dorment à poing fermé derrière.
Ca commence avec le chargement du bus: 2 caisses de 20kg de matériel, l'une pour la glisse, l'autre pour le fartage. 4 autres petites caisses pour le matériel divers, les 2 housses à skis, les 2 tables à farter démontables, la tente de 3m sur 3 avec ses murs qui pèse aussi son poids (env 25kg) et tous les petits détails indispensables: le tapis de biathlon que je glisse sous la table à farter quand nous sommes en extérieur pour nous isoler de la neige et éviter de glisser, le rangement pour les skis en bois que nous a gracieusement et astucieusement fabriqué Simon Desthieux, très habile de ses 10 doigts! Il y a des fentes dans lesquelles on glisse les talons de skis et ceux-ci restent debout sans se casser la gueule en dominos! La fiche scotchée sur le mur avec les heures de départ de chacun. La grande bâche à étaler par terre dans les garages des hôtels pour éviter de salir. La pelle et la balayette.
Une fois que tout est bien rangé dans le coffre, (j'aime bien que tout soit bien rangé) et vérifié qu'il ne manque rien, c'est le départ. Une fois arrivés sur place, la piste reconnue, débute le montage-démontage qui sera fait chaque jour : sortir la caisse de glisse, installer les tables de fartage, sortir les housses, étaler la bâche, donner les instructions pour le fartage.
Ensuite, à 18h, comité de course où les conditions de compétitions sont discutées entre coachs et organisateurs, distribution des dossards, petit apéro au cours duquel nous discutons des dernières nouvelles, nous débriefons la course précédente.
A 20h, repas avec l'équipe, réunion de course entre nous où je donne les consignes pour le lendemain : horaires de départ, dossards mais surtout remarques sur la piste, sur ce que j'attends de chacun, sur les choses à faire ou non etc. C'est un moment très important où se concentrent les informations que j'ai accumulé dans ma tête tout au long de la journée. Mon discours doit être clair, positif, enthousiaste, transmettre l'envie, la motivation, réveiller les consciences et appuyer sur les qualités de chacun pour qu'ils aient un point auquel se raccrocher le lendemain, un déclic. Si j'ai des griefs, des critiques, des humeurs, ça doit être dit dès le début pour ensuite passer aux choses constructives et les laisser sur une note positive. Il faut répondre aux questions, rassurer, écouter les propositions, toujours anticiper !!
Si les conditions de neige sont particulières, par ex une neige béton le lendemain, on peut prendre la décision de farter en classique la veille, à condition que la météo soit stable... Ce qui est rarement le cas! Je me souviens l'an dernier à Arvieux (Queyras) où les organisateurs nous garantissaient le beau temps le matin suivant, où j'ai farté 12 paires de skis avec une base klister dure et où nous nous sommes réveillés sous la neige !! Gros stress, je peux dire que j'ai râlé! Mais ce qui m'a rassurée, et fait rire, c'est que je n'étais pas la seule: nous étions 3 comités à défarter les skis pendant que les autres passaient en plaisantant près de nous...
Si je n'ai rien à mettre sous les skis, je démonte le matériel dont j'ai besoin et le charge dans le bus puis je vais me coucher.
Si j'ai du travail sur les skis, je choisis de le faire le soir car je n'aime pas vraiment me lever trop tôt!
A 6h, lever, petit-déj, voyage jusqu'à l'emplacement de la course. La plupart du temps, on n'a qu'à sortir du bus et installer le matos à quelques dizaines de mètres. Sur d'autres sites moins abordables, il faut se trimballer le matos sur le dos plusieurs centaines de mètres plus haut, plus bas ou plus loin. Parfois des scooters nous aident mais sinon, on teste notre capacité à porter un truc super lourd sans penser aux doigts sciés sur la poignée, aux bras tétanisés, au dos en vrac! Et on transpire un bon coup.
Montage de la tente pour s'abriter des intempéries et des regards avec l'aide des jeunes, aménagement du matériel sous la tente et le travail commence.
Si c'est une course en classique, il faut être là 2h avant pour avoir le temps de tout faire avant le 1er départ.
En arrivant, on a déjà une petite idée de la neige, de sa structure, de son histoire, des produits qui risquent d'aller et il faut aussi penser à lever la tête pour humer l'air du temps: va t-il tomber quelque chose dans les heures qui viennent? Quand arrivera le soleil? Comment est orienté le terrain? Etc.
J'ai 3 paires de ski et en général quelqu'un avec qui travailler. On échange nos impressions sur la neige, on sort les quelques produits susceptibles d'aller, on farte chaque ski d'une façon, on le note et on va tester. C'est là qu'on croit qu'on fait bcp de ski...Oui, si on n'arrive pas à trouver le bon fart assez tôt, on risque de tourner un moment et les jambes fatiguent. Car le principe, c'est de tester le fart dans une montée et à fond si possible! Sans échauffement. Quand on la gravit pour la 5ème fois, on est échauffé mais la première fois, elle fait mal!
L'autre jour à Mouthe avec mon adjoint, on a farté une paire de skis, on a fait une montée, on est revenus sous la tente et en 1 min, le fart était trouvé. Terminé, je n'ai pas retouché les skis du matin. Coup de bol. Ca va rarement si vite!
Le pire, c'était à Méribel l'an dernier pour les championnats de France: il faisait 20° la journée et -5° la nuit. Le matin, on arrivait sur de la neige glacée et vitrifiée, une patinoire. Le 1er jour, j'ai eu des sueurs froides car je ne trouvais rien qui fisse l'affaire entre la glisse et l'accroche, ça reculait ou ça accrochait deux fois trop. Je commençais à paniquer, l'heure du fartage des skis de compétition des coureurs approchait et je n'avais rien à mettre de valable. Puis, j'ai fait des recoupements entre plusieurs produits testés et je me suis décidée. Mais j'ai dû faire 5km de tests, farté plusieurs paires de skis pour y parvenir.
Après ça, je note toujours ce que je farte, les références sont super importantes.
En fait, le pire c'est de trouver un fart qui va super bien sous mes skis mais qui ne convient pas du tout aux jeunes. Ou qui se révèle catastrophique comparé aux fartages des autres équipes sur la piste. Car nous ne mettons pas la même chose. Certains aiment bien mélanger les matières, d'autres sortir des produits rares. Il n'y a pas de règles, parfois je suis obligée d'appliquer 2 ou 4 produits en couches et toutes sont complémentaires et ont leur utilité. D'autres fois, une seule couche suffit et ça va du tonnerre!
Le fart est trouvé, il reste à farter les skis des coureurs, à ce qu'ils les testent et à corriger si besoin.
Avant le 1er départ, je vais sur la piste pour les regarder passer et les renseigner.
Le 1er travail sur le fartage est terminé, commence le second travail sur l'humain qui est l'essentiel de la mission. En les regardant sur la piste, je vais me faire une opinion sur leur forme, leur motivation, leur engagement, leur façon de mettre en valeur leurs qualités, leur façon d'utiliser la piste pour y perdre le moins de temps possible. Parfois, je fulmine, d'autres fois je suis agréablement surprise.
Le plus délicat restant la manière avec laquelle je vais faire passer ce que j'ai vu et ressenti à propos d'eux après l'effort. Je sais que je dois laisser certains tranquilles un moment après la course avant de leur parler. Mais ils ont tous droit à leur speach à chaud, très important selon moi, et individuel.
La synthèse n'est pas facile, il faut prendre du recul, analyser et discuter avec les intéressés. J'essaie d'être toujours constructive. Il m'arrive d'être cassante ou dure et c'est justifié. Parfois un bonne claque (au figuré) réveille et fait prendre conscience. Je garde toujours à l'esprit la façon dont je pourrais accueillir moi-même les remarques que je fais aux autres et cela me permet de rester dans la compréhension, l'échange, le respect. Il faut sans cesse regarder les choses dans leur ensemble et recentrer, recentrer.
Vers 13h, tout est fini, démontage du matos, retour à l'hôtel pour manger, se reposer. Mais à 15-16h, il faut farter les skis pour le lendemain. Ou aller skier pour régénérer l'organisme.
A 18h, je retourne au comité de course etc. Même scénario que la veille.
De nouveau réunion de course entre nous avec dernières remarques pour le matin, remarques des coureurs envers moi car je suis ouverte à la critique aussi. Et objectifs du lendemain.
Et le lendemain matin, si la course est en skate, le travail est plus décontracté. On gagne une demi-heure car comme tout le monde a un fartage de glisse imposé, il ne reste qu'à trouver une bonne structure et ça se trouve rapidement. Mais il aura fallu encore monter la tente, les tables, défaire les skis, tester, etc.
Parfois quand l'endroit est beau, la neige glissante, la forme bonne, je vais skier pendant les pauses pour me faire plaisir. Mais j'ai souvent les bras en compote, les jambes cuites et je n'aspire qu'à rentrer chez moi pour me reposer! Et il faudra démonter, ranger, nettoyer le réduit à fartage à l'hôtel et conduire pour rentrer.
Une fois à la maison, je me force à décharger le bus dès que j'arrive même si je suis crevée, la chose est faite et je peux me reposer enfin!
Ce n'est pas de tout repos mais ces week-end infernaux parfois sont l'essence de mon boulot, j'y trouve l'adrenaline, le stress constructif, les doutes, les espérances, les bonnes surprises et les réussites, les déceptions et le découragement et c'est pour ça que j'aime ce travail. Entraineur, je suis de l'autre côté de la barrière et c'est tout aussi excitant. Très éprouvant, difficile, parfois ingrat mais excitant.
Et puis quand l'énergie circule entre les athlètes et moi, ça m'encourage à aller de l'avant, à trouver toujours de nouvelles façons de les faire progresser, de les amener à leur meilleur niveau. Il faut encourager cet état d'esprit.
Voilà, c'était un petit aperçu de mes week-ends d'hiver...